Photos : 15 nov.2003©LÊ Chau Cuong/alterphoto.com. Parti de la Place des fêtes à 3.000 le cortège du Forum social libertaire avait fière allure en traversant ce quartier populaire. Derrière la banderole unitaire "Révolution sociale et libertaire, forum social libertaire" avaient pris place les militants des différentes organisations : Alternative libertaire, Comité de solidarité avec les peuples du Ciapas en lutte, Coordination des groupes anarchistes, CNT, Fédération anarchiste, No Pasaran, Offensive libertaire et sociale, Organisation communiste libertaire et toutes les personnes n'appartenant à aucune organisation mais se retrouvant dans ce courant. Chansons, slogans offensifs : "Qui sème la misère, récolte la colère, révolution sociale et libertaire", "Tout est à nous, rien est à eux, tous ce qu'ils ont, ils l'ont volés, partage des richesses, partage du temps de travail, ou alors çà va péter" "Union, action, autogestion" "Qui sème la misère, récolte la colère, révolution sociale et libertaire."Les slogans contre le PS étaient également largement repris : "P comme pourris, S comme salauds" surtout à l'approche de la place de La République où nous savions que le cortège socialiste attendait.

A combien sommes-nous arrivés place de la République, difficile à dire, les chiffres étant subjectifs mais notre cortège avait enflé c'est certain. A l'arrivée sur la place, le cortège du PS est là sur notre gauche, protégé par son service d'ordre. Les libertaires déploient alors le leur face à celui du PS et chacun attend, l'attente dure, trop longtemps ( deux heures sans doute ? ) avant que le cortège ne reparte, les sologans fusent du côté du FSL : "sans papiers expulsés, sans papiers assasinés", mais tout reste calme hormis quelques lancers d'oeufs, de légumes et de boîtes de bière en alu, sommes toutes assez inoffensifs pour les socialistes. A l'annonce du départ du cortège socialiste fermé par son service d'ordre assez compact composé par moment de deux lignes de "militants" les esprits s'échauffent du côté libertaire, des groupes de personnes tentent de franchir le cordon du SO du FSL pour se diriger vers les socialistes. Des échauffourées ont lieu et finalement au bout d'un moment, une centaine voire plus de militants, certains habillés en noir complet occupent l'espace entre les deux cortèges. Si ces groupes semblent avoir la volonté d'en découdre plus directement avec le PS, ils ne paraissent pas avoir de strétégie bien cohérente, en effet par moments ils envoient sur le service d'ordre du PS ce qu'ils ont sous la main, bouteilles de verre, voires poubelles rammassées par terre, pétards de fort calibre, feu de bengale et autres artifices mais à aucun moment ils ne cherchent l'affrontement physique avec les socialistes, laissant toujours un no mans land entre eux et le PS. Du côté socialiste, on commence visiblement à s'énerver et dès la fin du tour de la place de la République, le service d'ordre sort des batons, certains "roulent les mécaniques" montrant clairement aux anars : "approchez et vous allez voir ce que vous allez prendre". Un peu plus loin, sans doute pour impressionner il y eut une charge et envoi de gaz lacrimo, les anars se rapprochant trop du PS ( voir le témoignage ci-après ).

Tout ces incidents se sont produits en avant du cortège du FSL qui derrière sa banderole n'y a pris aucune part.

Durant tout le parcours le cortège libertaire a été accompagné par un détachement de CRS dont la fonction ne paraissait pas claire : à chaque carrefour il se déployait le long du cortège, puis passait à une autre rue. Environs un quart d'heure avant l'arrivée à la place de la Nation les socialistes quittèrent la manif par une rue sur la gauche protégés par le cordon de CRS dont la fonction se révélait à ce moment.La dispersion sur la place de la Nation se fit sans incidents. Les plus courageux repartirent direction du Forum suivre les débats ou tenter de manger un morceau mais pas cantine autogérée ce soir-là, le Radis noir était à la manif ! Il fallut se replier sur les crèpes complètes !

Le déroulement de cette manifestation amène à s'interroger sur plusieurs points. Tout d'abord on peut se poser des questions sur la décision somme toute très politique du comité d'organisation du FSE de faire défiler le PS en fin de cortège. En effet en laissant ainsi les socialistes pendant des heures à côtés des libertaires et anarchistes, il était certain que des affrontements se produiraient, du moins certains l'espéraient semble-t-il, côté FSE. Il faut noter que ces affrontements ont été très limités, sans aucun doute à cause du sang froid du service d'ordre du FSL qui a maintenu sa strétégie de non affrontement jusque la fin, ce qui a sans aucun doute introduit un élément de calme dans la manif.

Au sein du FSE à qui  profitait cette volonté de tension programmée ? La LCR avec sa stratégie électorale pouvait sans aucun doute tirer son épingle du jeu, se réjouir d'une éventuelle expulsion du PS du mouvement "altermondialiste" ce qui pourrait un peu plus déconsidérer ce parti et donc bénéficier à l'alliance LO-LCR tout en dénonçant en même temps les exactions des anars, pour rassurer un électorat modéré. Le FSL en refusant ce piège de l'affrontement physique à monté sa capacité d'organisation et de sens politique, les "incontrôlés" ont démontré eux aussi qu'il n'y avait pas chez les anarchistes de courant souhaitant en découdre physiquement avec le PS, simplement par leur opposition plus fontale et en jetant symboliquement des poubelles sur les socialistes ils voulaient souligner l'illégitimité de la présence de ce parti, compromis avec le système capitaliste.On peut regretter certainement les jets de bouteilles.

Quant à la stratégie du PS vis à vis de ces manifs, elle semble claire aussi : imposer sa présence derrière un service d'ordre très compact et "professionnel" qui n'hésite certainement pas à frapper en cas de contact physique. Il semble aussi qu'il existe deux catégories de personnes dans le SO du PS : des jeunes socialistes qui laissent la place en cas de contact à des gens beaucoup plus aguerris et prêts à en découdre. Il y a volonté politique de s'imposer coûte que coûte, le nombre ridicule de manifestants socialistes étant un prétexte ( on se demandait parfois si le service d'ordre n'était pas le plus nombreux ! ) et il y aurait quelques naïveté du côté anar à croire que les socialistes ont quitté la manif sous la pression, ils l'ont quitté quand ils l'avaient prévu, c'est à dire juste avant le dispersion et cette stratégie était préparée depuis le départ et sans aucun doute convenue avec le ministère de l'intérieur, ce qui explique la présence permanente d'un cordon de CRS pour permettre leur sortie sans encombre.

Libertad

Mis KO par le PS

Le communiqué de la CNT

Photos de la manif sur Indymédia Paris